Culture
23 mai 2023
Depuis 2010, l’Opéra de Rennes porte des projets de découverte de l’art lyrique au Centre pénitentiaire des femmes de Rennes dans le cadre de l’appel à projets « Culture et Justice » développé par le Ministère de la Culture et le Ministère de la Justice.Ainsi chaque année, grâce au soutien de la DRAC Bretagne, du SPIP d’Ille-et-Vilaine, de La Ligue de L’enseignement et de la Ville de Rennes, une trentaine de détenues expérimentent le chant choral lors d’atelier de pratique menés par Stéphanie Olier, chanteuse lyrique et le concours des ensembles en résidence de l’Opéra de Rennes : Le Chœur de chambre Mélisme(s) et Le Banquet Céleste. Ces ateliers donnent lieu à un concert de restitution au sein de la prison. Des concerts lors de la Fête de la musique mais aussi des visites de l’Opéra et des répétitions ouvertes lors de permission de sortie sont également proposés chaque année au chœur de la prison des femmes.Stéphanie Olier mène ainsi depuis 2010 des ateliers de techniques vocales et de chants collectifs auprès de détenues du centre pénitentiaire pour femmes de Rennes. Chanteuse lyrique et professeure de chant (diplômée d’état), encadre des dispositifs à visées sociales d’apprentissage de la musique (Démos kreiz Breizh-Rostrenen), Stéphanie a accepté de témoigner sur son engagement et l’action culturelle menée avec le Chœur des détenues de Rennes. |
« Il y a 15 ans, l’Opéra avait déjà des liens avec la prison des femmes de Rennes, un projet commun y a été mené avec Mélisme(s) et la chorale. Les détenues avaient pour habitude à cette période de chanter avec une bénévole et lorsque l’action s’est terminée cette habitude a été perdue. Nous trouvions cela dommage. En 2013 j’ai donc proposé de recréer une activité chorale régulière. Depuis il y a eu quelques pauses, avec le Covid notamment, nous poursuivons tout de même l’action depuis une dizaine d’années en collaboration avec l’Opéra de Rennes.
L’Opéra porte aujourd’hui le projet. A la fois pour l’aspect suivi d’action culturelle mais aussi pour valoriser le projet de Chœur par des actions complémentaires : ateliers de maquillage, rencontre avec des artistes de l’Opéra, permissions de sortir culturelles avec visite de l’opéra et répétitions publiques…
Cet atelier est l’un des rares où on mêle, dans la prison, toutes les générations et toutes les origines. Sur les bienfaits individuels j’essaie par la pratique du chant et la pratique en collectif de les réinvestir corporellement, de travailler sur les tensions physiques et sur l’ouverture à l’autre, que la détenue s’épanouisse au sein du collectif. On fait un travail très complet, quand on organise des concerts il y a toujours un temps au préalable de coiffure et d’habillage pour travailler l’estime de soi et la dignité.
Il m’arrive de voir des anciennes détenues venir à un de mes spectacles, c’est émouvant. On a toujours des retours après les concerts que l’on organise en détention, qui sont très forts. Une fois une détenue m’a dit : « Je ne me pensais pas encore capable de créer quelque chose de beau », c’est une phrase qui marque. Sur le long terme, ce ne sont que des moments forts finalement. Et je n’ai pas l’intention d’arrêter cet atelier ! »
