Vie associative
03 décembre 2020
Vie associative
03 décembre 2020
Jacques Garot, figure de l’Amicale Laïque de Cancale, s’est entretenu avec nous sur l’évolution des amicales laïques et sur la question de la laïcité :
Il faudrait presque dissocier l’amicale laïque d’aujourd’hui et l’amicale laïque d’il y a une cinquantaine d’années. Mes premières amicales laïques, quand j’étais jeune instit, c’était la défense de l’école publique, qui en avait à cette époque là bien besoin. Ensuite ça a été aussi l’égalité des chances pour les enfants des écoles publiques qui n’avaient pas accès, ni au sport, ni à la culture. Donc à travers des liens qu’on avait mis en place avec l’USEP et avec l’UFOLEP, on a permis à ces enfants de pouvoir évoluer et accéder au sport et autres activités. Parallèlement l’amicale laïque a permis aux parents de ces enfants, dans le secteur rural mais aussi urbain, de donner un coup de main à l’école, notamment pour la kermesse de fin d’année et de garder des liens le jour où les enfants étaient partis au collège et qui se trouvaient donc seuls. Les amicales laïques, surtout en milieu rural, c’était avant tout pouvoir se serrer les coudes. Aujourd’hui, elles ont le rôle de créer et générer du lien social avec une société qui a complètement évolué.
Je suis arrivé directeur de l’école élémentaire publique en septembre 1979. À ce moment-là, j’ai vu qu’il y avait dans un tiroir un chéquier au nom de l’Amicale laïque de Cancale mais il n’y avait pas de bureau, il y avait rien. C’est-à-dire que l’Amicale Laïque ne servait qu’une fois par an, avec l’aide d’une subvention municipale, pour l’aide d’achat de jouets pour l’école maternelle. Vu qu’il n’y avait pas d’association de parents d’élèves, ils ont donc trouvé le système de l’amicale laïque qui existait depuis quelques années avec un seul adhérent. Au début des années 80, on a fait en sorte de relancer tout ça en redéposant des nouveaux statuts. On a redémarré avec des activités, qui aujourd’hui n’existent plus (couture, labo-photo, philatélie).
Aujourd’hui, on a une dizaine de sections. Les sections les plus importantes sont surtout le handball, qui elle, est une structure fédérale comme le tir à l’arc. Toutes les autres sections sont plus ou moins dépendantes de l’Ufolep. Les groupes qui sont le plus nombreux sont essentiellement le roller et le baby jeune et adulte. On a un peu de tout ; du badminton, du tennis de table. C’est assez varié.
À côté de cela, on a trois heures par semaine dédiées au secteur social auprès de la mairie. S’il y a besoin d’une action particulière liée à des besoins humains et de la mise à disposition d’aide complémentaire en direction de la banque alimentaire ou autres. Notre rôle c’est plus de l’animation et de la citoyenneté. Parallèlement, on aide les communes voisines dans le cadre de l’égalité des chances. Il y avait 17 % des enfants qui avaient une activité, soit culturelle, soit sportive, avant d’arriver en sixième. On s’est dit que c’était, quand même, injuste car il n’avait pas beaucoup de matériels et à Cancale il y a trois gymnases. Depuis maintenant 6 ou 7 ans, on va chercher les enfants à l’école et on les emmène aux gymnases de Cancale où ils peuvent pratiquer du sport. C’est important que tout le monde puisse avoir accès aux différentes structures.
Au vu du contexte [la crise sanitaire], notre premier projet est de continuer à vivre et de s’assurer de maintenir le salaire de nos permanents. Pour cela, il va falloir trouver des solutions. On avait la chance d’être dans une région où on arrivait à avoir des capacités d’auto-financement grâce au tourisme. On faisait des braderies, des tournois de hand, on avait aussi le secteur du théâtre, mais toutes ces activités-là, nous n’avons pas pu les faire. Sinon, on essaye de maintenir les liens. On a des projets c’est sûr, mais à savoir lesquels prioriser. J’aurais tendance à penser que l’urgence n’est pas du côté des enfants car les écoles ont pu se maintenir. Là où je suis le plus inquiet c’est chez les pré ados, ados et les adultes qui ne se sont pas forcément réinscrits à des activités. Il faudra donc recréer un lien avec eux.
La laïcité, c’est le garde-fou, c’est important. À mon sens, c’est la seule façon que l’on puisse avoir pour espérer continuer à vivre ensemble aussi bien sur le plan régional, national ou mondial. Il faut réussir à faire en sorte que les religions restent à leur place. Même si elles ont toutes leur place, elles doivent y rester. On est capable de vivre tous ensemble et on sera obligé de vivre ensemble. La laïcité a tout son rôle là-dedans.